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⚖️ Infanticide maternel vs féminicide : une comparaison éclairée des réalités statistiques en France

📋 Résumé

Les débats sociétaux sont souvent marqués par une asymétrie émotionnelle et médiatique dans le traitement des violences intra-familiales. Si le terme « féminicide » est largement utilisé pour désigner le meurtre d'une femme par son conjoint ou ex-conjoint, le terme « infanticide » demeure peu visible malgré son incidence notable. Cet article propose une mise en perspective statistique rigoureuse des meurtres d'enfants par leur mère comparée aux féminicides conjugaux, afin d'identifier les proportions réelles des auteurs au sein de chaque sexe et de mettre à l'épreuve certains biais de perception collective.

📊 1. Données de base : comparaison brute des décès

Infanticides parentaux (France)

Selon plusieurs sources (Sénat, Le Monde, INSERM), le nombre réel d'infanticides et de morts infantiles liées à la maltraitance parentale est vraisemblablement sous-estimé. En croisant les différentes études (infanticides, syndrome du bébé secoué, morts suspectes sans condamnation), on estime désormais à environ 255 décès d'enfants par an causés directement ou indirectement par leurs parents.

Féminicides conjugaux (France)

Le Ministère de l'Intérieur comptabilise 94 féminicides conjugaux en 2023. Le chiffre reste relativement stable d'année en année (entre 90 et 120).

👥 2. Répartition par sexe des auteurs

Infanticides par la mère

La littérature scientifique et les rapports judiciaires montrent que les mères sont responsables dans 60 à 70 % des cas d'infanticide, notamment chez les nourrissons et enfants en bas âge. Si l'on retient une estimation prudente de 65 % des cas causés par des femmes, cela donne : 165 enfants tués/an par leur mère.

Féminicides par le conjoint

Les auteurs sont, dans environ 100 % des cas, des hommes. Cela donne : 94 femmes tuées/an par leur conjoint masculin.

📈 3. Extrapolation : part de la population concernée

🎯 Proportion d'hommes auteurs de féminicides

Population masculine en France : environ 32 millions.

94 hommes meurtriers conjugaux / 32 000 000 ≈ 0,00029 % des hommes sont auteurs de féminicides conjugaux chaque année.

🎯 Proportion de femmes auteures d'infanticides

Population féminine en âge d'avoir des enfants (~18-45 ans) : environ 15 millions.

165 mères infanticides / 15 000 000 ≈ 0,0011 % des femmes en âge de procréer commettent un infanticide chaque année.

🔍 4. Analyse comparative

💡 Fait surprenant :

Une femme en âge de procréer a environ 3,7 fois plus de probabilité de tuer son propre enfant qu'un homme n'a de tuer sa compagne.

Le phénomène des néonaticides (meurtre d'un nouveau-né dans les heures ou jours suivant la naissance) reste largement un acte féminin, lié à des facteurs psychologiques, sociaux et parfois hormonaux.

En comparaison, les féminicides sont des actes violents souvent liés à des dynamiques relationnelles extrêmes (jalousie, rupture, emprise), certes graves, mais statistiquement moins fréquents que les infanticides maternels.

📋 5. Conclusion

L'usage systématique du terme « féminicide » dans les discours publics crée une perception biaisée de la violence comme phénomène essentiellement masculin. Pourtant, une lecture attentive des données révèle que certaines formes extrêmes de violences intrafamiliales, comme l'infanticide, sont plus fréquemment commises par des femmes, et dans des proportions non négligeables.

Si l'on veut lutter contre les violences de manière juste et efficace, il est impératif d'aborder les réalités statistiques sans filtre idéologique, et de traiter toutes les violences intra-familiales avec le même degré de gravité, qu'elles soient perpétrées par des hommes ou des femmes.

📚 Sources

  • Sénat, Rapport n°404 (2019) sur les infanticides.
  • Le Monde (2024), dossier sur le syndrome du bébé secoué.
  • INSERM, Études sur la mortalité infantile.
  • Ministère de l'Intérieur, Rapport annuel sur les morts violentes au sein du couple (2023).
  • Insee, Données démographiques 2024.